Avant l’AI, il y avait Pro-Infirmis ?
Oui, cette assurance est arrivée très tard par rapport aux pays qui nous entourent, qui étaient déjà tous équipés d’une législation à ce propos. Avant 1960, une organisation comme la nôtre occupait une place principale, ensuite elle a exercé des fonctions subsidiaires mais essentielles pour toutes les personnes en situation de handicap qui ne sont pas reconnues par l’AI.
Comment se sont passés vos débuts en 1992 lorsque vous avez pris votre poste ?
J’avais 37 ans à l’époque, je sortais d’une expérience de 13 ans en tant qu’assistante sociale en psychiatrie à la policlinique de Lausanne et je connaissais bien le réseau pour avoir participé à de passionnants colloques avec l’Office régional de réadaptation professionnelle. Mon ambition était de faire évoluer le cadre d’intervention, ce qui est plus facile avec une ONG qu’avec une assurance sociale fédérale ! Or, j’ai été frappée en 1994, qui était l’année de la famille, par le désarroi financier des familles d’enfants handicapés, ce qui nous a permis, grâce à l'impulsion d'assistantes sociales conseillant les familles, de créer l'AMINH, allocation en faveur des familles s’occupant d’un mineur handicapé à domicile, qui est administrée par l’Office AI pour le canton de Vaud. Cette prestation cantonale est unique en Suisse.
Quels étaient vos rapports avec l’AI ?
Ma grande chance était de faire partie du Conseil de l’Office AI, ce qui est aussi une exception au niveau suisse, puisque Pro Infirmis, organisation faîtière suisse, possède, comme l’AI, des représentations cantonales qui n’impliquent cependant pas une participation à la gestion de l’office cantonal AI correspondant. Comme le Conseil est présidé par le Conseiller d’Etat en charge de la santé, j’avais dès le départ des leviers directs pour faire des suggestions et être entendue.
Par la suite vous avez été témoin de l’évolution de l’AI ?
Depuis le début des années 2000, nous avons été pris dans un tourbillon de révisions. Parmi toutes ces modifications, j'aimerais citer la contribution d’assistance, que nous avions expérimentée à titre de projet dans le canton de Vaud, bien avant qu'elle ne soit reconnue dans l'Assurance, et qui est une opportunité exceptionnelle d’améliorer l’autonomie des personnes en situation de handicap.
Quelle est votre position en ce qui concerne le développement continu de l’AI ?
L’accent sur la réinsertion des jeunes et des personnes atteintes sur le plan psychique est une excellente chose. De plus, il faut avoir une lecture systémique et tenir compte des difficultés présentées par ces deux catégories comme une résistance amoindrie à la frustration et une grande fragilité.
Que devrait être l’AI des années 2020 ?
Elle devrait amener encore plus d’attention à la formation et aux outils de réinsertion donnés aux personnes invalides. L’AI devrait être, de plus, bien mieux associée avec la LHAND, la loi sur l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées, notamment en ce qui concerne la question des barrières architecturales.